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En 1010, le curé d'Ivorra Bernat Oliver, était en train de célébrer la messe dans la Paroisse de Sainte Marie d'Ivorra située à quelques mille métres du village. Au moment même de la Consécration, un doute traversa l'esprit du prêtre, sur la présence réelle de Jésus-christ dans l'Eucharistie, à cet instant eu lieu le grand prodige: le vin du calice se transforma en sang qui s'est répandu sur la nappe de l'autel, tombant jusqu'au sol. Devant l'étonnement des personnes présentes, un certain nombre de femmes qui filaient à la porte de l'église, sont rentrées et avec la laine qu'elles avaient dans les mains se sont mises à essuyer le précieux sang en provenance du calice.

Saint Ermengol, qui fut évêque d'Urgell de 1010 à 1035, se trouvait dans le ville voisine de Guissona et il fut vite averti de ce qui venait d'avoir lieu à Ivorra. A l'instant même, il s'en alla à Ivorra et il prit le calice et les nappes trempées de sang et les emmena à Rome. Le Pape Serge IV, après avoir entendu le récit de l'évêque Ermengol, signa une bulle pontificale dans laquelle il reconnaissait qu'il s'agissait d'un vrai miracle, et il garda le calice tout en donnant à la paroisse d'Ivorra un certain nombre de reliques, et en octroyant à ce village des privilèges pour la Confrérie de Sainte Marie d'Ivorra que Saint Ermengol avait fondée. Ces reliques et une partie de la nappe tâchée de sang, ainsi que le document pontifical, furent placés sous l'autel principal de l'église paroissiale d'Ivorra consacrée à Saint Cugat, et inaugurée en 1055 par l'évêque Guillem d'Urgell.

En ce qui concerne la Confrérie de Sainte Marie d'Ivorra, elle conserva un parchemin du XIV siècle avec une copie des constitutions de Saint Ermengol. Il s'agissait d'une sorte d'association de bienfaisance, dans laquelle il y avait un minimum de douze chefs de famille inscrits, qui avaient le privilège de choisir leurs capitaines et leurs administrateurs. Une structure, en principe, démocratique, mise en place dans le but de protéger la confrérie des seigneurs féaudaux de l'époque. Ses finalités étaient l'entraide mutuelle, de telle sorte que lorsqu'un confrère était dans le besoin à cause de situations mauvaises ou de longues maladies, et que les vivres leur venaient à manquer, lui et sa famille étaient aidés par les biens de la Confrérie. De même, si un membre de la Confrérie tombait malade sans avoir personne pour le soigner, le capitaine de la Confrérie désignait un de ses membres pour le soigner et pour pourvoir à ses besoins. Cette Confrérie se chargeait aussi de donner une dote de mariage aux filles de ses membres qui n'avaient pas de biens suffisants pour le faire; ainsi que d'autres activités altruistes comme celles qui ont été mentionnées ci dessus.
A la fin du XIV siècle, lors des travaux réalisés dans l'église paroissiale, on trouva les reliques et le document du pape Serge IV. Le Nonce du Pape en Catalogne fut mit au courant de cette découverte. Il fit analyser les reliques et le document du pape Serge IV par l'abbé du monastère de Cardona qui les trouva authentiques. C' est alors que la renommée du miracle du Saint Doute se propagea dans tout le royaume d'Aragon et dans la Principauté de Catalogne, de telle sorte que le roi Alphonse le Magnanime publia un document royal dans lequel il autorisait la Confrérie d'Ivorra à répandre et à prêcher le miracle du Saint Doute à travers tout son royaume et à réaliser une collecte pour la construction d'un relicaire digne des reliques en question.
Actuellement les reliques sont conservées dans le reliquaire gothique de 1426, fruit de la collecte populaire réalisée à cette époque. Il contient aussi un morceau de la nappe de l'autel tâchée de sang, des reliques offertes par le pape Serge IV à Saint Ermengol: une épine de la couronne de Jésus, un fragment de la pierre du Saint Sépulcre y d'autres reliques de saints.
L'église du Saint Doute était trop petite à cause de l'énorme multitude des pèlerins qui visitait le Sanctuaire. C'est pour cette raison qu'à été construit l'actuel Sanctuaire, inauguré en 1663. La façade est de l'année 1762. L'autel baroque de cette époque a été détruit pendant la guerre civile espagnole de 1936. De la primitive église on conserve un retable gothique du XV siècle, qui se trouve actuellement dans le Musée Diocésain de Solsona. Pendant ces dernières années le Sanctuaire a été restauré ce qui l'a sauvé, car il tombait en ruines. L'ensemble est composé de l'église et d'autres corps de bâtiments qui servaient auparavant à l'accueil des pèlerins.
Actuellement on célèbre trois fêtes: la Fête principale du Saint Doute, le deuxième dimanche de Pâques ou "Diumenge de Pasqüetes" (en catalan), avec un pèlerinage auquel participent tous les villages des alentours; la fête de Sainte Marie d'Ivorra le 15 août, et la fête de la Chandeleur, le 2 février.